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jueves, 12 de septiembre de 2013

F.M.I. XXII REUNIÓN ANUAL 1967



La XXIIe réunion annuelle du FMI et de la BIRD

            C’est à Rio de Janeiro que s’est tenue cette année, du 26 au 29 septembre, la réunion du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD). En règle générale, les réunions de ces deux Institutions spécialisées des Nations Unis ont lieu une année à Washington, l’année suivante dans un autre pays. Mais il a été décidé cette fois que les deux prochaines sessions se tiendront à Washington, et seulement la suivante en 1970 en Italie. Parallèlement, selon la coutume, tenaient aussi leur réunion annuelle, la Société financière internationales (SFI), créée en 1956, et l’Association internationale pour le développement (AID), fondée en 1960, qui sont deux filiales de la Banque. En outre, pour la première fois, le Conseil administratif du Centre international pour le règlement des controverses relatives aux investissements (International Center for Settlement of Investment Disputes), dont le but est d’orienter et de faciliter les investissements privés vers les pays en voie de développement, s’est réuni à Rio. Il compte 55 pays membres ; son président est le président de la Banque mondiale, le secrétaire général est M. Aron Broches ; la liste d’arbitres et conciliateurs qu’il offre aux pays membres compte déjà 50 noms, représentant 13 pays.
            Peut-être la décision prise à Rio concernant les droits spéciaux de tirage est-elle la mesure la plus importante et la plus neuve depuis la fondation du FMI et de la Banque Mondiale à Bretton Woods en 1944. Il s’agit, comme on sait, de résoudre le problème des liquidités internationales. Les seules « monnaies de réserve » acceptées jusqu’ici par le Fonds étaient le dollar, la livre et l’or. Le déficit de la balance des paiements des Etats-Unis et le l’Angleterre gêne l’exportation de ces monnaies sur le marché extérieur, ce qui à son tour empêche les autres gouvernements d’accroître leurs réserves. D’autre part, l’Union sud-africaine, principal producteur d’or, ne fournit plus ce métal en quantité égale à ce qu’elle produisait autrefois.
            Un signe de la gravité présente du problème des liquidités internationales est que pour la première fois cette année le FMI a accepté pour ses opérations financières les monnaies nationales de quatre pays membres : le Brésil, la Malaisie, le Venezuela et la Norvège.
            La réforme du système monétaire étudiée à Rio consiste en ceci que les paiements ne seront plus exagérément dépendants de la situation économique et des responsabilités financières d’un seul pays (Etats-Unis ou Grande-Bretagne), sans pour autant dépendre des limitations physiques d’un produit naturel comme l’or. Michel Debré, comme on sait, déclara que la mesure adoptée ne fournit qu’une solution partielle et limitée au problème des liquidités internationales : elle invente une forme de crédit, elle ne crée pas une monnaie.
            Le projet approuvé à Rio avait été discuté à Londres , le 26 août, par le Groupe des Dix (Marché commun européen, Canada, Angleterre, Etats-Unis et Japon) qui détient 55,36% des votes, proportionnellement à sa part de dépôts, au sein de l’organe directeur du FMI.
            La réforme, si les négociations concernant les modalités d’exécution se poursuivent rapidement, entrera en vigueur en octobre 1968. Conformément au nouveau système, un compte spécial sera ouvert au sein du FMI : les Etats membres ne seront plus obligés de faire leurs dépôts en dollars, en livres ou en or, pour obtenir des soldes favorables. Le principe est que « la communauté internationale doit être en état de contrôler les réserves, et non que les réserves contrôlent la communauté » a dit le Directeur exécutif du FMI.
            Une autre résolution importante approuvée à Rio invite le FMI et la Banque à poursuivre l’étude des marchés mondiaux en vue de parvenir è un accord pour la stabilisation du prix des produits de base (coton, riz, café, cuivre, étain, céréales…). Ce fut évidemment le thème le plus débattu par les pays en voie de développement au cours des délibérations. On estime que le pouvoir d’achat de ces pays a diminué de 45% au cours des 15 dernières années. Quinze pays francophones d’Afrique, qui s’étaient réunis à Dakar le 22 septembre juste avant la session de Rio, ont présenté le projet de résolution que fut approuvé. Pour une fois aussi les 19 pays d’Amérique latine et les Philippines ont fait preuve d’une certaine cohésion face aux pays industrialisés.
            Notons encore quelques points qui furent touchés lors de la réunion de Rio. A la demande de M. Georges Woods, président de la Banque, les Etats membres ont approuvé le transfert de 10 millions de dollars de la Banque à l’Association internationale pour le développement. Pour la sixième année consécutive, la Suisse a fait un apport spécial de fonds à l’Association, et elle examine la possibilité de lui consentir un prêt, ce qui serait le premier cas d’un prêt ainsi fait à l’AID. Pour la première fois aussi, l’Italie, a accordé un prêt au FMI.
            Enfin on parla, mais assez vaguement, de l’entrée possible d’autres pays du bloc communiste au Fonds monétaire international ; actuellement, seule la Yougoslavie en fait partie.
            A Rio, toutes les discussions furent centrées sur le problème de la monnaie. Le FMI exige la stabilité monétaire : cela ne signifie-t-il pas pour tel pays sous-développé la stabilité de la misère ? La crise mondiale que nous traversons est plus économique que financière : elle réside dans l’inégalité de concurrence sur le marché mondial. Et il est à craindre que les meilleures réformes financières ne changeront pas cette situation. Citant un document romain, le président de la Banque déclara : « Ce dont nous avons besoin, c’est d’actes créateurs ».

Alfredo Bruno Bologna
Paris, décembre 1967, Nº 20, p. 1260


La XXIIe réunion annuelle du FMI et de la BIRD

            C’est à Rio de Janeiro que s’est tenue cette année, du 26 au 29 septembre, la réunion du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD). En règle générale, les réunions de ces deux Institutions spécialisées des Nations Unis ont lieu une année à Washington, l’année suivante dans un autre pays. Mais il a été décidé cette fois que les deux prochaines sessions se tiendront à Washington, et seulement la suivante en 1970 en Italie. Parallèlement, selon la coutume, tenaient aussi leur réunion annuelle, la Société financière internationales (SFI), créée en 1956, et l’Association internationale pour le développement (AID), fondée en 1960, qui sont deux filiales de la Banque. En outre, pour la première fois, le Conseil administratif du Centre international pour le règlement des controverses relatives aux investissements (International Center for Settlement of Investment Disputes), dont le but est d’orienter et de faciliter les investissements privés vers les pays en voie de développement, s’est réuni à Rio. Il compte 55 pays membres ; son président est le président de la Banque mondiale, le secrétaire général est M. Aron Broches ; la liste d’arbitres et conciliateurs qu’il offre aux pays membres compte déjà 50 noms, représentant 13 pays.
            Peut-être la décision prise à Rio concernant les droits spéciaux de tirage est-elle la mesure la plus importante et la plus neuve depuis la fondation du FMI et de la Banque Mondiale à Bretton Woods en 1944. Il s’agit, comme on sait, de résoudre le problème des liquidités internationales. Les seules « monnaies de réserve » acceptées jusqu’ici par le Fonds étaient le dollar, la livre et l’or. Le déficit de la balance des paiements des Etats-Unis et le l’Angleterre gêne l’exportation de ces monnaies sur le marché extérieur, ce qui à son tour empêche les autres gouvernements d’accroître leurs réserves. D’autre part, l’Union sud-africaine, principal producteur d’or, ne fournit plus ce métal en quantité égale à ce qu’elle produisait autrefois.
            Un signe de la gravité présente du problème des liquidités internationales est que pour la première fois cette année le FMI a accepté pour ses opérations financières les monnaies nationales de quatre pays membres : le Brésil, la Malaisie, le Venezuela et la Norvège.
            La réforme du système monétaire étudiée à Rio consiste en ceci que les paiements ne seront plus exagérément dépendants de la situation économique et des responsabilités financières d’un seul pays (Etats-Unis ou Grande-Bretagne), sans pour autant dépendre des limitations physiques d’un produit naturel comme l’or. Michel Debré, comme on sait, déclara que la mesure adoptée ne fournit qu’une solution partielle et limitée au problème des liquidités internationales : elle invente une forme de crédit, elle ne crée pas une monnaie.
            Le projet approuvé à Rio avait été discuté à Londres , le 26 août, par le Groupe des Dix (Marché commun européen, Canada, Angleterre, Etats-Unis et Japon) qui détient 55,36% des votes, proportionnellement à sa part de dépôts, au sein de l’organe directeur du FMI.
            La réforme, si les négociations concernant les modalités d’exécution se poursuivent rapidement, entrera en vigueur en octobre 1968. Conformément au nouveau système, un compte spécial sera ouvert au sein du FMI : les Etats membres ne seront plus obligés de faire leurs dépôts en dollars, en livres ou en or, pour obtenir des soldes favorables. Le principe est que « la communauté internationale doit être en état de contrôler les réserves, et non que les réserves contrôlent la communauté » a dit le Directeur exécutif du FMI.
            Une autre résolution importante approuvée à Rio invite le FMI et la Banque à poursuivre l’étude des marchés mondiaux en vue de parvenir è un accord pour la stabilisation du prix des produits de base (coton, riz, café, cuivre, étain, céréales…). Ce fut évidemment le thème le plus débattu par les pays en voie de développement au cours des délibérations. On estime que le pouvoir d’achat de ces pays a diminué de 45% au cours des 15 dernières années. Quinze pays francophones d’Afrique, qui s’étaient réunis à Dakar le 22 septembre juste avant la session de Rio, ont présenté le projet de résolution que fut approuvé. Pour une fois aussi les 19 pays d’Amérique latine et les Philippines ont fait preuve d’une certaine cohésion face aux pays industrialisés.
            Notons encore quelques points qui furent touchés lors de la réunion de Rio. A la demande de M. Georges Woods, président de la Banque, les Etats membres ont approuvé le transfert de 10 millions de dollars de la Banque à l’Association internationale pour le développement. Pour la sixième année consécutive, la Suisse a fait un apport spécial de fonds à l’Association, et elle examine la possibilité de lui consentir un prêt, ce qui serait le premier cas d’un prêt ainsi fait à l’AID. Pour la première fois aussi, l’Italie, a accordé un prêt au FMI.
            Enfin on parla, mais assez vaguement, de l’entrée possible d’autres pays du bloc communiste au Fonds monétaire international ; actuellement, seule la Yougoslavie en fait partie.
            A Rio, toutes les discussions furent centrées sur le problème de la monnaie. Le FMI exige la stabilité monétaire : cela ne signifie-t-il pas pour tel pays sous-développé la stabilité de la misère ? La crise mondiale que nous traversons est plus économique que financière : elle réside dans l’inégalité de concurrence sur le marché mondial. Et il est à craindre que les meilleures réformes financières ne changeront pas cette situation. Citant un document romain, le président de la Banque déclara : « Ce dont nous avons besoin, c’est d’actes créateurs ».

Alfredo Bruno Bologna
Paris, décembre 1967, Nº 20, p. 1260
http://www.cerir.com.ar/admin/_cerir/archivos/libros/0000314/La%20XXII%20reunion%20annuelle.pdf

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